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lundi 16 décembre 2013

Suicide et automutilation dans les prisons en Angleterre et au Pays de Galles : étude épidémiologique de prévalence, facteurs de risques et leurs combinaisons, et conséquences en matière de prévalence des suicides

Des soldats devant la prison de Moldovanovka au Kirghizistan; où un millier de prisonniers se sont cousus les lèvres, en 2006. (Pratique d'automutilation).
Source iconographique et légendaire: http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2012/01/24/au-kirghizistan-un-millier-de-prisonniers-se-cousent-les-levres_1633954_3216.html
L’automutilation et le suicide sont des phénomènes fréquents chez les prisonniers, toutefois, des données exhaustives concernant les personnes à risque manquent encore à l’heure actuelle. De plus, la compréhension de la fréquence du geste suicidaire suivant l’automutilation proprement dite - et c’est important pour la compréhension du phénomène - et quelles catégories de prisonniers montrent le plus de probabilité d’occurrence, restent à définir. Nous avons effectué une étude de cas-témoin rassemblant tous les prisonniers incarcérés en Angleterre et au Pays de Galles; afin de définir la prévalence du geste d’automutilation dans cette population, les facteurs de risque associés, et les risques de suicide suivant le geste d’automutilation.


L’ensemble des données d’incidents d’automutilation consignés de toutes les prisons d’Angleterre et du Pays de Galles ont été systématiquement rassemblées entre janvier 2004 et décembre 2009. Nous avons effectué des études cas-témoin comportant des groupes de comparaison, sur les prisonniers ayant fait montre d’automutilation et sur les prisonniers  n’ayant pas montré de geste d’automutilation, entre janvier 2006 et décembre 2009. Nous avons aussi analysé plus en détail les personnes s’étant automutilées de manière plus spécifique, à l’aide d’une approche Bayésienne. Le groupe de prisonniers automutilés, morts en prison par suicide par la suite a été comparé au groupe des détenus automutilés n’ayant pas succombé en prison par la suite.

139 195 incidents d’automutilation ont été enregistrés chez 26 510 prisonniers différents entre 2004 et 2009 ; 5-6% des prisonniers de sexe masculin et 20-24% des prisonnières de sexe féminin se sont automutilées chaque année. Les taux d’automutilation se sont montrés dix fois supérieurs chez les prisonnières que chez leurs collègues prisonniers.  La répétition de l’acte d’automutilation s’est révélée fréquent, particulièrement chez les femmes et les adolescentes, chez lesquelles il a été comptabilisé 17 307 épisodes d’automutilation sur sous-groupe de 102 prisonnières. À la fois chez les hommes et les femmes, la fréquence d’automutilation était corrélée avec l’âge – actes plus fréquents chez les jeunes -, une origine caucasienne, le type de prison, la condamnation à vie, l’attente du jugement ; par ailleurs, chez les femmes, l’acte de violence perpétré contre un tiers a été également pris en compte dans l’évaluation. De substantielles évidences d’effet groupé en termes de moment d’occurrence des actes localisation des prisonniers automutilés (corrélation intra-classe de prisonniers ajustée 0.15, Intervalle de Confiance – IC – 95% 0.11 – 0.18). 109 suicides suite à automutilation ont été rapportés ; le risque de suicide se révélant supérieur de fait chez les prisonniers automutilés que dans la population carcérale générale, plus de la moitié des morts survenant dans le mois suivant l’acte d’automutilation. Les facteurs de risque de suicide après automutilation chez les prisonniers masculins étaient l’âge et un épisode précédent d’automutilation (…) ; et, chez les prisonnières féminines, un historique de plus de cinq incidents d’automutilation dans l’année étant associé à un suicide survenant par la suite.

Le fardeau que représente le phénomène d’automutilation dans la population carcérale est important, particulièrement chez les femmes. L’automutilation en prison est fréquemment suivie d’un suicide dans ce cadre. La prévention contre le geste d’automutilation chez les prisonnières et les prisonniers représente une composante essentielle pour la prévention des suicides dans les prisons. Prof Keith Hawton FMedSci et al, dans The Lancet, publication en ligne en avant – première, 16 décembre 2013

Financement : Wellcome Trust, National Institute of Health Research, National Offender Management Service, and Department of Health.


Source: The Lancet Online / Traduction et adaptation: NZ

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