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lundi 17 mai 2021

#thelancet #interventioncoronairepercutanée #aspirine #clopidogrel Aspirine versus clopidogrel comme monothérapie d’entretien chronique après intervention coronarienne percutanée (HOST-EXAM) : essai multicentrique à l’initiative des investigateurs prospectif, randomisé et ouvert

 

Angioplastie avec pose d'un stent.
Source iconographique et légendaire: https://fr.wikipedia.org/wiki/Stent#/media/Fichier:PTCA_stent_NIH.gif



La monothérapie antiplaquettaire optimale à administrer pendant la période d'entretien chronique chez les patients ayant bénéficié d’un stent coronaire reste à déterminer. Notre but était de comparer l’efficacité et l'innocuité de l'aspirine et du clopidogrel en monothérapie dans cette population.

Nous avons réalisé un essai multicentrique à l’initiative des investigateurs prospectif, randomisé et ouvert dans 37 sites d'étude situés en Corée du Sud. Nous avons recruté des patients âgés d'au moins 20 ans bénéficiant d’une double thérapie antiplaquettaire sans événements cliniques pendant 6 à 18 mois après une intervention coronarienne percutanée à l’aide de stents à élution médicamenteuse (DES). Nous avons exclu les patients présentant des complications ischémiques et hémorragiques majeures. Les patients ont été randomisés (1:1) pour recevoir un agent de monothérapie de clopidogrel 75 mg une fois par jour ou de l'aspirine 100 mg une fois par jour pendant 24 mois. Le critère d'évaluation principal était un composite de décès toutes causes, d'infarctus du myocarde non mortel, d'accident vasculaire cérébral, de réadmission en raison d'un syndrome coronarien aigu et de saignement de type 3 ou plus selon l’échelle de la Bleeding Academic Research Consortium (BARC) dans la population en intention de traiter.

Entre le 26 mars 2014 et le 29 mai 2018, nous avons recruté 5530 patients. 5438 (98.3%) patients ont été répartis au hasard dans le groupe clopidogrel (2710 [49.8%]) ou dans le groupe aspirine (2728 [50.2%]). 5338 patients (98.2%) ont satisfait au critère d’évaluation principal. Au cours de la période de suivi de 24 mois, le critère de jugement principal est survenu chez 152 (5.7%) patients dans le groupe clopidogrel et 207 (7.7%) dans le groupe aspirine (hazard ratio 0 .73 [Intervalle de Confiance -IC- 95% 0.59 - 0.90]; p = 0.0035).

La monothérapie par clopidogrel, comparée à la monothérapie par aspirine pendant la période d'entretien chronique après une intervention coronarienne percutanée avec DES, a considérablement réduit le risque du composite de décès toutes causes, d'infarctus du myocarde non mortel, d'accident vasculaire cérébral, de réadmission en raison d'un syndrome coronarien aigu et de type hémorragique 3 ou plus selon l’échelle de la BARC. Chez les patients nécessitant une monothérapie à base d’ antiagrégant plaquettaire non déterminée à l’avance après une intervention coronarienne percutanée, la monothérapie par clopidogrel était supérieure à l'aspirine en monothérapie pour prévenir les événements cliniques indésirables futurs. Prof Bon-Kwon Koo, MD, et al, dans The Lancet, publication en ligne en avant-première, 16 mai 2021

Financement : ChongKunDang, SamJin, HanMi, DaeWoong, Ministère de la Santé et des Affaires Sociales de la Corée du Sud

Source : The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ


lundi 2 septembre 2019

#thelancetgastroenterologyandhepatology #aspirine #cancer Aspirine comme traitement adjuvant du cancer : résultats de faisabilité de l’essai randomisé « Add Aspirin »

(Publicité de l'Aspirine des Usines du Rhône, 1923)
Source iconographique: https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Aspirine-1923.jpg

Des données précliniques, épidémiologiques et randomisées indiquent que l’aspirine pourrait prévenir le développement tumoral et les métastases, visant à réduire la mortalité par le cancer, s’agissant plus particulièrement du cancer gastro-œsophagien et du cancer colorectal. Les essais randomisés évaluant l’utilisation de l’aspirine après premier traitement radical sont en cours. Nous présentons l’analyse planifiée à l'avance de faisabilité dans l’analyse de la période de rodage de l’essai « Add Aspirin » visant à questionner sur la toxicité, plus particulièrement les hémorragies et saignements suivant le traitement radical contre le cancer gastro-œsophagien.

Le protocole « Add Aspirin » est constitué de quatre essais randomisés de phase 3 d’évaluation de l’effet de l’administration quotidienne d’aspirine sur la récidive et la survie après traitement radical du cancer dans quatre types de tumeurs différents : tumeur gastro-œsophagienne, colorectale, mammaire et prostatique. Une phase ouverte de rodage d’administration quotidienne de 100 mg d’aspirine pendant 8 semaines a précédé la randomisation en double-aveugle (pour les patients âgés de moins de 75 ans, 300 mg d’aspirine, d’aspirine 100 mg, ou le placebo correspondant 1:1:1 ; pour les patients âgés de 75 ans ou plus, 100 mg d’aspirine ou le placebo correspondant 2:1). Une analyse de faisabilité planifiée à l’avance, incluant le taux de recrutement, l’adhésion, et la toxicité était réalisée. L’essai (…) est toujours en recrutement.

Après 2 ans de recrutement (d’Octobre 2015 à octobre 2017), 3494 participants ont été enregistrés (115 dans la cohorte de patients atteints de cancer gastro-œsophagien, 950 dans la cohorte de patients atteints de cancer colorectal, 1675 dans la cohorte de patientes atteintes de cancer du sein, et 754 dans cohorte de patients atteints de cancer de la prostate) ; 2719 (85%) des 3194 participants qui avaient suivi la période de rodage jusqu’à son terme ont été randomisés, en fonction de la proportions de patients présents dans chacune des cohortes respectives. Des données de fin de période de rodage étaient disponibles pour 2253 patients ; 2148 (95%) des participants prenaient six ou sept comprimés par semaine. 11 (0.5%) des 2253 participants ont déclaré une toxicité de grade 3 pendant la période de rodage, sans hémorragie du tractus gastrointestinal supérieur (…) dans la cohorte cancer gastro-œsophagien. La toxicité de grade 1-2 la plus fréquemment relevée était dyspepsie (246 [11%] sujets sur 2 253.

L’aspirine était globalement bien tolérée après traitement radical du cancer. La toxicité s’est révélée faible et aucune différence pour ce qui est de l’adhésion au traitement, de l’acceptation de la randomisation, ou de toxicité n’a été relevée entre les différentes cohortes de malades atteints de cancer. Le recrutement continue, pour des essais visant à déterminer si l’aspirine pourrait représenter une thérapie à bas coût et bien tolérée d’amélioration des perspectives des personnes touchées par le cancer. Nalinie Joharatnam-Hogan, MRCP, et al, dans The Lancet Gastroenterology & Hepatology, publication en ligne en avant-première, 30 août 2019

Financement: Cancer Research UK, The National Institute for Health Research Health Technology Assessment Programme, The MRC Clinical Trials Unit at UCL.

Source : The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ

mardi 2 octobre 2018

#thelancetneurology #AVC #foramenovalepermeable #rivaroxaban #aspirine Rivaroxaban ou aspirine pour traitement du foramen ovale perméable et accidents vasculaires cérébraux de source indéterminée : analyse de sous-groupe de l’essai NAVIGATE ESUS

Cardiopathies congénitales. En (a), la cardiopathie réside dans le fait que le foramen ovale reste ouvert.
Source iconographique : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:2009_Congenital_Heart_Defects.jpg

Le foramen ovale perméable (PFO) contribue aux accidents vasculaires cérébraux* emboliques de source indéterminée (ESUS). Des analyses de sous-groupes d’études précédentes suggèrent que l’anticoagulation pourrait réduire plus efficacement les AVCs d'origine indéterminée en comparaison d’une thérapie antiplaquettaire. Nous avons émis l’hypothèse qu’un traitement anticoagulant avec le rivaroxaban, un inhibiteur du facteur Xa à prise orale, pourrait réduire le risque d’AVC récurrent en comparaison de l’aspirine, parmi les patients présentant un PFO, recrutés dans l’essai NAVIGATE ESUS.

NAVIGATE ESUS était un essai de phase 3 en double -aveugle, randomisé, réalisé dans 459 centres situés dans 31 pays, évaluant l’efficacité et l’innocuité du rivaroxaban versus aspirine pour la prévention de l’occurrence d’un deuxième AVC chez les patients ayant fait un ESUS. Pour cette analyse préspécifiée de sous-groupe, les cohortes avec ou sans PFO étaient définies sur la base d’une échocardiographie transthoracique (TTE) et d’une échocardiographie transoesophagienne (TOE). Le paramètre d’efficacité principal était le temps écoulé entre deux AVCs entre les groupes de traitement. Le paramètre d’innocuité principal était l’occurrence d’un saignement majeur, selon les critères de l’International Society of Thrombosis and Haemostasis. Les analyses principales ont été effectuées sur population en intention de traiter. De plus, nous avons effectué un examen systématique et des méta-analyses des effets aléatoires sur les études dans lesquelles les patients à AVC cryptogène et avec PFO étaient distribués de manière aléatoire dans un groupe recevant un anticoagulant ou dans un groupe recevant une thérapie antiplaquettaire.

Entre le 23 décembre 2014 et le 20 septembre 2017, 7 213 patients étaient recrutés et assignés au groupe recevant le rivaroxaban (n=3 609) ou l’aspirine (n=3 604). Les patients étaient suivis sur une période moyenne de 11 mois du fait d’une terminaison prématurée de l’essai. Le PFO était reconnu comme patent chez 534 (7.4%) patients sur la base d’un examen TTC ou TOE. Les patients traités à l’aspirine présentaient un taux d’AVC ischémique récurrent de 4.8 événements pour 100 personnes – années en comparaison des 2.6 événements pour 100 personnes années chez ceux traités avec le rivaroxaban. Parmi les patients présentant un PFO avéré, les preuves étaient insuffisantes pour pouvoir soutenir une différence de risque d’AVC ischémique récurrent entre rivaroxaban et aspirine (hazard ratio [HR] 0.54 ; Intervalle de Confiance [IC] 95% 0.22-1.36) ; cependant, le risque était similaire chez les patients sans PFO avéré (1.06 ; 0.84-1.33 ; pinteraction=0.18). Les risques de saignement majeur chez les patients recevant rivaroxaban versus les patients recevant l’aspirine étaient similaires chez les patients présentant un PFO détecté (HR 2.05 ; IC 95% 0.51-8.18) et ceux ne présentant pas de PFO détecté (HR 2.82 ; IC 95% 1.69-4.70 ; pinteraction=0.68). Les méta-analyses des effets aléatoires combinaient des données de l’essai NAVIGATE ESUS à celles de deux essais précédents (PICSS et CLOSE) et ont produit un odds ratio (…) de 0.48 (lC 95% 0.24-0.96 ; p=0.04) en faveur du traitement anticoagulant (…).

Parmi les patients atteints d’ESUS présentant un PFO, l’anticoagulation pourrait avoir réduit le risque d’AVC récurrent, bien que de substantielles imprécisions demeurent. Des essais dédiés traitement anticoagulant versus traitement antiplaquettaire ou de fermeture du PFO, ou les deux, sont justifiés. Scott E Kasner, MD, et al, dans The Lancet Neurology, publication en ligne en avant-première, 28 septembre 2018

*Accident Vasculaire Cérébral = AVC

Financement : Bayer et Janssen

Source : The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ

mardi 28 août 2018

#thelancet #évènementvasculaire #prévention #aspirine Utilisation de l’aspirine pour réduire les évènements vasculaires initiaux chez les patients à risque modéré de maladie cardiovasculaire (ARRIVE) : essai randomisé en double-aveugle, contrôlé par placebo.

Aspirine Bayer fabriquée en Grèce.
L'aspirine reste le médicament le plus consommé dans le monde. https://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:Pharmacie/Le_saviez_vous%3F_Hazard
Source iconographique: https://www.flickr.com/photos/dirkvorderstrasse/10564731205
L’utilisation de l’aspirine en prévention primaire des évènements cardiovasculaires reste controversée. Notre but était d’évaluer l’efficacité et la sécurité de l’aspirine versus placebo chez les patients à risque modéré d’évènement cardiovasculaire.

ARRIVE est un essai multicentrique randomisé en double-aveugle, contrôlé par placebo, réalisé dans sept pays. Les patients éligibles étaient âgés de 55 ans et plus (hommes) et de 60 ans et plus (femmes) présentant un risque moyen de maladie cardiovasculaire, jugé modéré sur la base du nombre de facteurs de risque spécifiques. Nous avons exclu les patients à risque élevé de saignement du tractus gastro-intestinal, ou de diabète. Les patients étaient répartis au hazard (1:1) à l’aide d’un code de randomisation généré par ordinateur, pour recevoir pour recevoir des comprimés d’aspirine (100 mg) à enrobage entérique ou le placebo, une fois par jour. Ni les patients, ni les investigateurs, ni le personnel participant à la distribution des traitements, ni les statisticiens de l’étude, n’avaient accès au tableau de randomisation.  Le critère d’efficacité principal était représenté par la résultante des paramètres imputables à la première occurrence de mort cardiovasculaire, d’infarctus du myocarde, d’angine de poitrine, d’accident vasculaire cérébral, ou d’ischémie cérébrale transitoire. Les critères de sécurité de l’essai étaient événements hémorragiques, et l’incidence d’autres évènements indésirables, et étaient analysés sur la population en intention de traiter.

Entre le 5 juillet 2007 et me 15 novembre 2016, 12 546 patients ont été recrutés et répartis au hasard pour recevoir l’aspirine (n=6 270) ou le placebo (n=6 276) dans 501 sites. La médiane de suivi était de 60 mois. Dans l’analyse en intention de traiter, le critère principal d’évaluation de l’étude était présent chez 269 (4.29%) patients dans le groupe aspirine versus 281 (4.48%) dans le groupe placebo (hazard ratio [HR] 0.96 ; Intervalle de Confiance [IC] 95% 0.81-1.13 ; p=0.6038). Des saignements gastrointestinaux (faibles pour la plupart) sont survenus chez 61 (0.97%) patients du groupe aspirine versus 29 (0.46%) dans le groupe placebo (HR 2.11 ; IC 95% 1.36-3.28 ; p=0.0007). Le taux d’incidence globale d’évènements indésirables graves était similaire dans les deux groupes de traitements (n=1 266 [20.19%] dans le groupe aspirine versus n=1 311 [20.89%] dans le groupe placebo. Le taux d’incidence globale d’évènements indésirables était similaire dans les deux groupes de traitements (n=5 142 [82.01%] versus n=5 129 [81.72%] dans le groupe placebo). Le taux d’incidence globale des évènements indésirables liés aux traitements était bas (n=1 050 [16.75%] versus n=850 [13.54%] dans le groupe placebo ; p<0.0001). 321 décès documentés ont été rapportés dans la population en intention de traiter (n=160 [2.55%] versus n=161 [2.57%] patients sur 6 276 du groupe placebo).

Le taux d’occurrence des évènements s’est révélé beaucoup plus bas que ce qui était attendu, représentant probablement le reflet des stratégies actuelles de gestion des risques, rendant cette étude plus représentative d’une population à faible risque. Le rôle de l’aspirine en prévention primaire chez les patients à risque modéré n’a pas pu être examiné. Cependant, les résultats concernant les effets de l’aspirine per se sont conformes avec ceux observés dans les études relatives à la prévention primaire chez les populations à faible risque, précédemment publiées. Prof J Michael Graziano, MD, et al, publication en ligne en avant-première, 26 août 2018

Financement : Bayer

Source : The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ 

lundi 13 novembre 2017

#thelancet #coronaropathie #rivaroxaban #aspirine Rivaroxaban avec ou sans aspirine chez des patients atteints de maladie coronarienne stable : essai international randomisé, en double-aveugle, contrôlé par placebo

A droite:
L'artère coronaire approvisionne en sang et en oxygène le muscle cardiaque
En haut: tissu musculaire cardiaque sain
Caillot de sang bloquant l'artère
Blocage du flux sanguin
Plaque athéromateuse en formation
A gauche et à droite:
En bas: tissu musculaire cardiaque mort
A gauche:
Artère coronaire
Muscle cardiaque
Source iconographique: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Heart_attack-NIH.gif

La maladie coronarienne stable est une cause majeure de morbidité et de mortalité dans le monde; elle est la conséquence d’événements thrombotiques aigus impliquant l’activation des plaquettes et des protéines de la coagulation. Les inhibiteurs du Facteur Xa et l’aspirine permettent de réduire les événements thrombotiques, ils n’ont toutefois pas été testés en combinaison ou l’un contre l’autre chez des patients atteints de maladie coronarienne stable.

Dans cet essai multicentrique, en double-aveugle, contrôlé par placebo, effectué chez des patients en ambulatoire atteints de maladie coronarienne stable ou de maladie artérielle périphérique, ont été recrutés dans 602 hôpitaux, cliniques, ou centres communautaires dans 33 pays. Cet article est un compte rendu de résultats obtenus chez des patients atteints de maladie coronarienne. Les patients éligibles, atteints de maladie coronarienne devaient avoir eu un infarctus du myocarde au cours des 20 dernières années, une maladie coronaire atteignant plusieurs vaisseaux, un historique d’angine de poitrine stable ou instable, subi une des interventions coronaires percutanées sur plusieurs vaisseaux, ou une chirurgie de pontage aortocoronarien sur plusieurs coronaires. 
À la suite d’une période de rodage de 30 jours, les patients étaient répartis de manière aléatoire (1:1:1) pour recevoir rivaroxaban (2.5 mg per os deux fois par jour) + aspirine (100 mg une fois par jour), ou rivaroxaban seul (5 mg per os deux fois par jour), ou l’aspirine seule (100 mg per os une fois par jour). La randomisation était générée par ordinateur. Chaque traitement était administré en double-aveugle ; ni les patients, ni les investigateurs, ni le personnel sur site de l’étude n’avaient accès au tableau de randomisation. Le résultat principal de l’essai COMPASS était la survenue d’infarctus du myocarde, AVC, ou de mort cardiovasculaire. Le recrutement de patients pour cet essai est désormais clos. (…).

Entre le 12 mars 2013, et le 12 mai 2016, 27 395 patients ont été recrutés dans l’essai COMPASS ; 24 824 d’entre eux étaient atteints de maladie coronarienne stable, ils provenaient de 558 centres. La combinaison de rivaroxaban + aspirine a diminué la fréquence des événements cardiovasculaires [infarctus du myocarde, AVC, mort cardiovasculaire] de manière plus importante que l’aspirine seule (347 [4%] sur 8 313 versus 460 [6%] sur 8 261 ; Hazard ratio [HR] 0.74, Intervalle de Confiance [IC] 95% 0.65-0.86, p<0.0001). En revanche, le traitement avec le rivaroxaban seul n’a pas amélioré le critère principal lorsque comparé avec le traitement avec l’aspirine seule (411 [5%] sur 8 250 versus 460 [6%] sur 8 261, HR 0.89 ; IC 95% 0.78-1.02, p=0.094). Le traitement combiné rivaroxaban + aspirine a eu pour résultat des hémorragies plus importantes que le traitement sous aspirine seule (263 [3%] sur 8 313 versus 158 [2%] sur 8 261 ; HR 1.66, IC 95% 1.37-2.03, p<0.0001) ; de la même façon, de plus fréquentes hémorragies étaient relevées dans le groupe rivaroxaban seul que dans le groupe aspirine seule (236 [3%] sur 8 250 versus 158 [2%] sur 8 261 ; HR 1.51, IC 95% 1.23-1.84, p<0.0001). Le site le plus fréquemment affecté par les hémorragies était le système digestif (estomac + intestin), ces dernières survenant à ce niveau chez 130 [2%] patients recevant la combinaison rivaroxaban + aspirine, et chez 84 [1%] patients recevant le rivaroxaban seul, et chez 61 [%] patients recevant l’aspirine seule. La combinaison rivaroxaban + aspirine a réduit la mortalité quand comparé à l’effet de l’aspirine seule (262 [3%] sur 8 313 versus 339 [4%] sur 8 261 ; HR 0.77, IC 95% 0.65-0.90, p=0.0012).

Chez les patients atteints de maladie coronarienne stable, l’adjonction de rivaroxaban à l’aspirine a diminué la fréquence des événements vasculaires majeurs, mais a augmenté la fréquence des hémorragies majeures. Aucune augmentation significative d’hémorragie intracrânienne ou d’autre hémorragie d’organe critique n’a été observée. On a relevé un bénéfice net en faveur du traitement rivaroxaban + aspirine et la mortalité en a été réduite de 23%. Ainsi, l’adjonction du rivaroxaban à l’aspirine a le potentiel de réduire substantiellement la morbidité et la mortalité due aux maladies coronariennes dans le monde. Prof Stuart J Connolly, MD, et al, dans The Lancet, publication en ligne en avant-première, 10 novembre 2017

Financement : Bayer

Source : The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ

lundi 20 mars 2017

#thelancet #syndromecoronarien #thrombolyse #saignement #rivaroxaban #aspirine #clopidogrel #ticagrelor Saignement significatif sur le plan clinique avec une dose réduite de rivaroxaban versus aspirine, en addition de l’inhibition de P2Y12, dans les syndromes coronairiens (GEMINI-ACS-1) : essai multicentrique, randomisé, en double-aveugle

Acute Coronary Syndrome = Syndrome Coronarien Aigu
ST elevation = Elévation du segment ST
Cardiac markers = Biomarqueurs cardiaques
Unstable angina = Angine de poitrine instable
Myocardial infarction = Infarctus du myocarde
STEMI=Infarctus du Myocarde avec Elévation du Segment ST
NSTEMI = Infarctus du Myocarde sans Elévation du segment ST
Q-wave MI = Infarctus du Myocarde avec Onde Q
Non-Q-Wave MI = Infarctus  du Myocarde sans Onde Q
Source:  https://commons.wikimedia.org/wiki/File:ACS_scheme.jpg
Une double thérapie antiplaquettaire (DTAP), aspirine + un inhibiteur du récepteur P2Y12, est un traitement antithrombotique standard suivant les syndromes coronariens aigus. L’inhibiteur du facteur Xa rivaroxaban a réduit la mortalité et les événements ischémiques lorsqu’il est administré en sus du DTAP, mais il représente une cause d’augmentation des saignements. La sécurité d’une double thérapie antiplaquettaire, combinant rivaroxaban à faible dose (à la place de l’aspirine) avec un inhibiteur du récepteur P2Y12 n’a pas été étudié dans les cas de syndromes coronariens aigus. Notre but était de d’étudier les effets de l’administration de rivaroxaban 2.5 mg deux fois par jour versus aspirine 100 mg une fois par jour, en sus de clopidogrel ou ticagrelor (au choix de l’investigateur avant la randomisation), chez des patients atteints de syndrome coronarien aigu ayant commencé dans les 10 jours après apparition du syndrome, et continué pendant 6-12 mois.

Dans cet essai en multicentrique, randomisé, en double - aveugle (GEMINI-ACS-1) effectué dans 371 centres cliniques situés dans 21 pays, les patients éligibles étaient âgés de 18 ans et plus, étaient atteints d’angine de poitrine instable, d’infarctus du myocarde sans élévation du segment ST (IMSEST), ou infarctus du myocarde avec élévation du segment ST (IMAEST), étaient positifs en ce qui concerne les biomarqueurs cardiaques ; et, soit présentaient des changements électrocardiographiques ischémiques, soit présentaient une lésion athéroscléreuse identifiée par angiographie.
Les patients ont été répartis de manière aléatoire (1:1) dans les 10 jours suivant leur admission du fait de leur syndrome coronarien aigu pour recevoir soit l’aspirine soit le rivaroxaban, selon un calendrier de randomisation généré par ordinateur. La randomisation était pondérée à l’aide de la technique de permutation de blocs de dimension 4 et était stratifiée selon le traitement de base avec un inhibiteur du récepteur P2Y12 (clopidogrel ou ticagrelor) défini comme traitement au moment de la randomisation. Ni les investigateurs ni les patients n’avaient accès au tableau de randomisation. Les patients ont reçu le traitement en double aveugle rivaroxaban 2.5 mg deux fois par jour ou aspirine 100 mg par jour sur une période de temps de 180 jours au minimum. Le choix de l’administration de clopidogrel ou de ticagrelor au cours de l’essai n’était pas soumis à randomisation et relevait du seul choix de l’investigateur.
Le critère principal de l’étude était l’occurrence d’un saignement cliniquement significatif résultant d’une thrombolyse réalisée lors d’un infarctus du myocarde (TIM) non liée à un pontage aortocoronarien (PA ; majeur, mineur, ou requérant des soins médicaux) jusqu’au jour 390. L’analyse principale a été réalisée sur population en intention de traiter. (…).

Entre le 22 avril 2015 et le 14 octobre 2016, 3 037 patients atteints de syndrome coronariens aigus ont été répartis de manière aléatoire ; 1 518 ont reçu aspirine et 1 519 ont reçu rivaroxaban. 1 704 patients (56%) étaient simultanément sous ticagrelor (strate ticagrelor) et 1 333 patients (44%) étaient simultanément sous clopidogrel. La durée médiane du traitement était de 291 jours (Intervalle Interquartile [IQR] 239-354). Les saignements dus à la TIM , non liés à un PA, cliniquement significatifs, étaient similaires sous thérapie rivaroxaban versus thérapie aspirine (total : 154 patients [5%] ; 80 participants [5%] sur 1 519 versus 74 participants [5%] sur 1 518 ; Hazard Ratio [HR] 1.09 [Intervalle de Confiance -IC- 0.80-1.50] ; p=0.5840)

Une approche à double thérapie antiplaquettaire combinant le rivaroxaban à faible dose avec l’inhibiteur P2Y12 pour le traitement des patients atteints de syndrome coronarien aigu présentait un risque similaire à celle combinant aspirine et l’inhibiteur du récepteur P2Y12. Un essai de plus grande importance, doté d’une puissance statistique suffisante, est requis pour évaluer de manière définitive l’efficacité et la sécurité de cette approche. Dr Prof E Magnus Ohman, MD, et al, dans The Lancet, publication en ligne en avant-première, 18 mars 2017

Financement : Janssen Recherche & Développement et Bayer AG

Source : The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ 

vendredi 24 février 2017

#thelancetneurology #accidentcérébrovasculaire #accidentischémique #ticagrelor #aspirine Efficacité du ticagrelor versus aspirine dans l’accident cérébrovasculaire aigu ou l’accident ischémique transitoire d’origine athéromateuse : une analyse de sous-groupe de l’essai randomisé, en double aveugle et contrôlé SOCRATES

Source iconographique: https://avclanguedoc.files.wordpress.com/2015/07/avcischemique.jpg
Le ticagrelor est un médicament antiplaquettaire efficace chez les patients présentant une maladie coronaire athéromateuse ; le ticagrelor pourrait se révéler plus efficace que l’aspirine dans la prévention des AVC et événements cardiovasculaires récurrents chez les patients atteints d’ischémie cérébrale aigue d’origine athéromateuse. Notre but était de tester un traitement par interaction ipsilatérale sur la sténose athéromateuse dans un sous-groupe d’analyse de l’essai AVC Aigu ou Attaque Ischémique Transitoire Traités avec Aspirine ou Ticagrelor et Résultats obtenus chez les Patients - Acute Stroke or Transient Ischaemic Attack Treated with Aspirin or Ticagrelor and Patient Outcomes Trial dans le texte - (SOCRATES).

SOCRATES était un essai ticagrelor versus aspirine randomisé, en double – aveugle, contrôlé réalisé chez des patients âgés de 40 ans et plus, atteints d’AVC ischémique ou victimes d’un accident ischémique transitoire à haut risque, admis dans 674 hôpitaux situés dans 33 pays. Nous avons réparti les patients de manière aléatoire (1:1) dans les groupes pour administration de ticagrelor per os (180 mg en une prise au jour 1 suivi de 90 mg deux fois par jour du jour 2 au jour 90) ou pour administration d’aspirine (300 mg au jour 1 suivi de 100 mg par jour du jour 2 au jour 90), dans les 24 heures suivant l’apparition des symptômes. Les investigateurs ont classé tous les patients soit dans le groupe athéromateux soit dans le groupe non-athéromateux, en vue de l’analyse pré-spécifiée de nature exploratoire rapportée dans cette étude. Le critère principal d’évaluation était le moment d’apparition d’un AVC, infarctus du myocarde, ou d’un décès dans les 90 jours. L’analyse d’efficacité a été effectuée sur population en intention de traiter. (…).

Entre le 7 janvier 2014 et le 29 octobre 2015, nous avons réparti de manière aléatoire 13 199 patients (6 589 [50%] ont rejoint le groupe recevant le ticagrelor - groupe ticagrelor - et 6 610 [50%] ont rejoint le groupe recevant l’aspirine – groupe aspirine -). Une sténose athéromateuse ipsilatérale potentiellement symptomatique a été rapportée chez 3 081 (23%) patients sur 13 199. Nous avons trouvé un traitement par interaction sur la sténose athéromateuse (p=0.017). 103 (6.7%) patients sur les 1 542 présentant une sténose ipsilatérale dans le groupe ticagrelor et 147 (9.6%) patients sur les 1 539 patients présentant une sténose ipsilatérale dans le groupe aspirine ont eu un AVC, un infarctus du myocarde, ou sont décédés dans les 90 jours (hazard ratio 0.68 [Intervalle de Confiance -IC- 95% 0.53-0.88] ; p=0.003).
Chez 10 118 patients ne présentant pas de sténose ipsilatérale, 339 patients (6.7%) sur les 5 047 du groupe ticagrelor ont eu un AVC, un infarctus du myocarde, ou sont décédés dans les 90 jours, en comparaison des 350 patients (6.9%) sur 5 071 du groupe aspirine avec occurrence les mêmes événements (0.97 [0.84-1.13] ; p=0.72). Il n’y a pas eu de différence significative dans les fréquences d’occurrence d’hémorragies mortelles ou d’hémorragies majeures ou mineures chez les patients avec sténose ipsilatérale, dans le groupe ticagrelor en comparaison du groupe aspirine.

Dans cette analyse préspécifiée exploratoire, le ticagrelor était supérieur à l’aspirine pour ce qui est de la prévention des AVCs, des infarctus du myocarde ou des décès à 90 jours, chez les patients atteints d’AVC ischémique aigu ou d’accident ischémique transitoire, lorsque ceux-ci étaient associés à une sténose ipsilatérale athéromateuse. Une compréhension des mécanismes et des causes des AVCs est importante pour l’administration sûre et efficace des traitements pour la prévention précoce des AVCs. Prof Pierre Amarenco, MD, et al, dans The Lancet Neurology, publication en ligne en avant-première, 23 février 2017

Financement : Astra Zeneca

Source : The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ

mercredi 21 octobre 2015

#thelancet #OMS #maladiescardiovasculaires #aspirine #β-bloquant #inhibiteurdel’enzymedeconversiondel’angiotensine #statine Disponibilité et accessibilité aux médicaments traitant les maladies cardiovasculaires et leurs effets dans les pays à haut, moyen, et faible revenu : analyse des données de l’étude PURE

Siège de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Genève, Suisse
Source iconographique: http://www.who.int/mediacentre/multimedia/2004/en/WHOGeneva008.jpg?ua=1
L’OMS a pour objectif de rendre disponibles les médicaments traitant les maladies cardiovasculaires récurrentes auprès de 80% des communautés ainsi que leur usage effectif auprès de 50% des personnes éligibles, à l’horizon 2025. Nous avons déjà rendu compte de la faible utilisation de ces médicaments, toutefois, notre but est d’évaluer si ce bas niveau d’utilisation est lié à une faible disponibilité ou une faible accessibilité aux médicaments.

Nous avons analysé l’information à propos de la disponibilité et les coûts des médicaments pour le traitement des maladies cardiovasculaires (aspirine, β-bloquants, inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine, et les statines) recueillie au niveau de pharmacies de 596 communautés situées dans 18 pays participant à l’étude PURE (Etude Prospective d’Epidémiologie Urbaine/Rurale – Prospective Urban Rural Epidemiology [PURE] study dans le texte). Les médicaments étaient considérés comme disponibles s’ils étaient présents en pharmacie lors du passage de l’enquêteur, et abordables si leur coût combiné était inférieur à 20% de la capacité des ménages à payer. Nous avons comparé les résultats obtenus entre les pays à haut, moyen, et faible revenu. Les données recueillies en Inde ont été présentés séparément, du fait de la spécificité et l’importance de son industrie pharmaceutique productrice de médicaments génériques.

Les communautés ont été recrutées entre le 1er janvier 2003 et le 31 décembre 2013.
Les quatre médicaments traitant les maladies cardiovasculaires étaient disponibles dans 61 (95%) et 27 (90%) des 64 communautés urbaines et des 30 communautés rurales respectivement, situées dans les pays à haut revenu, 53 (80%) et 43 (73%) des 66 communautés urbaines et des 59 communautés rurales respectivement, situées dans les pays à revenu moyen supérieur, 69 (62%) et 42 (37%) des 111 communautés urbaines et des 114 communautés rurales respectivement, situées dans les pays à revenu moyen inférieur, huit (25%) et une (3%) des 32 communautés urbaines et des 30 communautés rurales respectivement, situées dans les pays à faible revenu (excluant l’Inde), et 34 (89%) et 42 (81%) des 38 communautés urbaines et des 52 communautés rurales respectivement, situées en Inde.
Les quatre médicaments traitant les maladies cardiovasculaires étaient potentiellement inaccessibles pour 0.14% des ménages dans les pays à haut revenu (14 ménages sur 9 934), 25% dans les pays à revenu moyen supérieur (6 299 sur 24 776), 33% dans les pays à revenu moyen inférieur (13 253 sur 40 023), et 60% dans les pays à faible revenu (excluant l’Inde ; 1 976 sur 3 312), et pour 59% des ménages en Inde (9 939 sur 16 874).
Dans les pays à faible et à moyen revenu, les patients ayant déjà présenté des maladies cardiovasculaires étaient moins susceptibles d’utiliser les quatre médicaments si les quatre médicaments n’étaient pas tous disponibles (odds ratio [OR] 0.16, Intervalle de Confiance [IC] 95% 0.04-0.57). Dans les communautés où tous les quatre médicaments étaient disponibles, les patients étaient moins susceptibles d’utiliser les médicaments si potentiellement, le ménage ne pouvait se le permettre (0.16, 0.04-0.55).
Les médicaments pour la prévention secondaire sont indisponibles et inaccessibles dans un grand nombre de communautés et ménages dans les pays à revenu moyen supérieur, à revenu moyen inférieur et à faible revenu, qui ne font qu’un faible usage de ces médicaments. Des améliorations dans la disponibilité et l’accessibilité aux médicaments  clé sont susceptibles d’amplifier leur utilisation et contribuer à l’atteinte de l’objectif de 50%, dans l’utilisation des médicaments clé à l’horizon 2025. Rasha Khatib, PhD, et al, dans The Lancet, publication en ligne en avant-première, 20 octobre 2015

Financement : Population Health Research Institute, the Canadian Institutes of Health Research, Heart and Stroke Foundation of Ontario, AstraZeneca (Canada), Sanofi-Aventis (France et Canada), Boehringer Ingelheim (Germany et Canada), Servier, GlaxoSmithKline, Novartis, King Pharma, organismes nationaux ou locaux dans les pays participants.

Source: The Lancet Online / Traduction et adaptation: NZ 

lundi 17 novembre 2014

#aspirine #thérapie-antiplaquettaire #mortalité Durée prolongée d’administration d’une double thérapie antiplaquettaire et mortalité : revue systématique et méta-analyse

Photo de flacon d'aspirine de 1899. Depuis sa mise sur le marché, la liste de ses bienfaits s'allonge constamment.
Source iconographique et légendaire: http://sante.lefigaro.fr/actualite/2009/08/13/9713-cancer-colo-rectal-bienfaits-laspirine 
Le traitement à base d’aspirine et d'un inhibiteur P2Y12 est communément utilisé chez les patients atteints de troubles cardiovasculaires. L’effet global d’un tel traitement sur la mortalité toutes causes confondues reste inconnue. Dans l’étude Double Thérapie Antiplaquettaire (étude DAPT), la poursuite d’une double thérapie antiplaquettaire au-delà de 12 mois suivant la pose d’un stent coronaire était associée à une augmentation inattendue de décès pour causes cardiovasculaires. Au vu de l’importance potentielle de ces résultats en matière de santé publique, notre but était d’évaluer l’effet d’une durée prolongée d’une double thérapie antiplaquettaire sur la mortalité, en effectuant une méta-analyse mutualisée de tous les essais randomisés contrôlés ayant pour objectif l’étude de l’effet de la durée de traitement dans les troubles cardiovasculaires.

Nous avons recherché dans les bases de données Medline, Embase, Cochrane Central Register of Controlled Trials (CENTRAL)  afin d’identifier les essais randomisés contrôlés mesurant l’effet d’une double thérapie antiplaquettaire à durée prolongée versus non prolongée ou celui d’une double thérapie antiplaquettaire de courte durée, publiée avant le 1er octobre 2014. Nous avons effectué une méta-analyse mutualisée des résultats extraits, à l’aide d’un modèle hiérarchique bayésien à effets aléatoires. Les critères principaux d’évaluation étaient les valeurs de hazard ratio de comparaison des décès toutes causes confondues, des décès dus à des troubles cardiovasculaires et des décès dus à des causes non cardiovasculaires.

Nous avons identifié 14 essais cliniques éligibles - étude DAPT incluse -  rassemblant les 69 644 participants assignés de manière aléatoire à diverses durées de double thérapie antiplaquettaire. En comparaison avec l’aspirine seule ou une double thérapie antiplaquettaire courte (6 mois), un traitement continu n’était pas associé à une différence en termes de mortalité due à toutes causes confondues (hazard ratio [HR] 1.05, Intervalle de Confiance [IC] 95% 0.96-1.19 ; p=0.33). De la même façon, la mortalité pour cause cardiovasculaire (1.01, 0.93-1.12 ; p=0.81) n’étaient pas différents entre thérapie à durée prolongée versus thérapie de courte durée ou aspirine seule.

La durée prolongée d’une double thérapie antiplaquettaire n’était pas associée à une différence de risque de décès dû à toutes causes confondues, de décès dû aux risques cardiovasculaires, ou de décès dû à des risques non-cardiovasculaires, en comparaison de l’aspirine seule ou d’une double thérapie antiplaquettaire de courte durée. Sammy Elmariah MD et al, dans The Lancet, publication en ligne en avant – première, 16 novembre 2014

Financement : aucun

Source : The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ 

vendredi 31 mai 2013

Traitement des accidents vasculaires cérébraux ischémiques aigus par thrombolyse ou thrombectomie chez des patients recevant une médication anti thrombotique

Artériographie cérébrale (Copyright Inserm, D. Caro)
Source iconographique et légendaire: http://www.inserm.fr/thematiques/neurosciences-sciences-cognitives-neurologie-psychiatrie/dossiers-d-information/infarctus-avc
La thrombolyse systémique par l’alteplase est le seul traitement médicalement approuvé pour les patients atteints d’un accident vasculaire cérébral ischémique aigu. La thrombectomie est également appliquée de plus en plus fréquemment pour le traitement des occlusions proximales des artères cérébrales, mais n’a pas montré de supériorité par rapport à la thrombolyse systémique par l’alteplase. Beaucoup de patients atteints d’accidents vasculaires cérébraux ischémiques sont prétraités avec des agents antiplaquettaires ou anticoagulants, ce qui peut augmenter le risque d’hémorragie lorsque  thrombolyse ou thrombectomie sont effectuées. Il a été relevé que le prétraitement en monothérapie aspirine augmente le risque d’hémorragie lors de l’administration d’alteplase, à la fois dans les études observationnelles et dans les études randomisées ne montrant pas de bénéfices cliniques dus aux traitements ; et le risque d’hémorragie intracérébrale est augmenté avec la combinaison aspirine + clopidogrel. Les agents antiplaquettaires ne devraient pas être administrés au cours des premières 24h suivant un traitement à l’alteplase. Des données obtenues sur un ensemble d’essais cliniques et sur une étude observationnelle de grande ampleur montrent que la thrombolyse peut probablement être appliquée en sécurité chez des patients recevant des antagonistes de la vitamine K, à condition que le rapport normalisé international mesurant le niveau de la coagulation sanguine (RIN) chez les patients soit inférieur à 1,7 ; bien que le risque d’hémorragie soit, quoi qu’il en soit, légèrement augmenté. Il n’y a pratiquement pas de données disponibles concernant la sécurité de l’alteplase administrée chez des patients atteints de fibrillation auriculaire ayant reçu des anticoagulants per os de dernière génération (NOAC) en prévention d’un ACV. Certains paramètres de coagulation devraient permettre d’identifier les patients en traitement NOAC qui sont éligibles pour la thrombolyse. La thrombectomie peut être effectuée chez les patients recevant des antiplaquettaires, et probablement chez ceux recevant des anticoagulants ; cependant, les conclusions concernant les anticoagulants sont basées sur des résultats obtenus sur des études à petits effectifs. Prof Hans-Christoph Diener MD et al, in The Lancet Neurology, Early Online Publication, 31 May 2013

Source: The Lancet Online / Traduction et adaptation: NZ

lundi 26 mars 2012

Aspirine dans la prévention et le traitement du cancer

Cachets d'aspirine distribués à partir d'une bouteille de verre. Copyright: Science Photo Library
Une série de trois articles par Rothwell et al s'ajoutent aux nombreux résultats déjà recueillis et publiés, montrant que l'aspirine peut être utilisée dans la prévention et le traitement du cancer.
Dans un premier article (http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(11)61720-0/fulltext), les auteurs étudient les données individuelles de chaque patient, extraites de 51 essais randomisés d'administration quotidienne d'aspirine, versus pas d'aspirine; pour la prévention d'évènements comme les crises cardiaques.
Dans un deuxième article (http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(12)60209-8/fulltext), les auteurs font état de l'effet de l'aspirine sur la métastatisation du cancer.
Finalement, dans un troisième article (http://www.thelancet.com/journals/lanonc/article/PIIS1470-2045(12)70112-2/fulltext) publié dans The Lancet Oncology, les auteurs ont regardé les effets de l'aspirine sur les métastases, dans un papier de revue comparant essais "d'observation" versus essais randomisés. 
Les trois articles mentionnés ci-dessus sont l'objet de discussion dans un commentaire (http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(11)61654-1/fulltext). The Lancet, en Une de page d'accueil, 26 March 2012

Source: http://www.thelancet.com/ / Traduction et adaptation: NZ

mercredi 21 mars 2012

Effet de la prise quotidienne d'aspirine sur le risque de métastases cancéreuses: une étude sur l'incidence des cancers pendant les essais randomisés contrôlés

L'aspirine préviendrait le risque de cancer colorectal.
Source: http://sante.lefigaro.fr/actualite/2011/10/27/15203-laspirine-previendrait-cancer-colo-rectal
La prise quotidienne d'aspirine réduit le l'incidence à long terme de certains adénocarcinomes; mais les effets sur la mortalité due à certains cancers devient évaluable seulement après quelques années, suggérant que ce traitement pourrait en réduire la croissance ou les métastases. Nous avons mesuré la fréquence de développement des métastases à distance chez des patients qui ont développé un cancer pendant les essais clinique de prise d'aspirine quotidienne versus contrôle. 

Notre analyse a inclus cinq essais randomisés d'administration quotidienne d'aspirine (>= 75 mg/jour) versus contrôle pour la prévention des accidents cardiovasculaires au Royaume - Uni. Des documents électroniques et sur papier concernant des patients avec un cancer incident, ont été passés en revue. L'effet de l'aspirine sur le risque de métastases à présentation ou pendant le suivi (suivi post-essai inclus) était stratifié en fonction de l'histologie de la tumeur (adénocarcinome versus autre tumeur cancéreuse) et des caractéristiques cliniques.

Sur 17 285 participants aux essais, 987 étaient atteints d'une tumeur cancéreuse solide s'étant développée pendant le suivi d'une durée moyenne de 6,5 ans. 
L'administration d'aspirine a diminué le risque de cancer avec métastases à distance (tous cancers, p=0.001 - significatif; adénocarcinome, p=0,0007 - significatif; autres cancers solides p=0,39 - non significatif), dû principalement à la réduction en proportion des adénocarcinomes métastasés versus adénocarcinomes locaux.
L'aspirine a réduit le risque d'adénocarcinome avec métastases - en diagnostic initial - (p=0,02 - significatif) ainsi que le risque de métastases pendant la période de suivi ultérieur chez les patients sans métastases au départ (p=0,0009 - significatif), particulièrement chez les patients atteints de cancer colorectal (p=0,0008 - significatif) et chez les patients chez lesquels le protocole d'essai était maintenu jusqu'au diagnostic et après (p=0,0009 - significatif).
L'aspirine a réduit le risque de décès dûs au cancer chez les patients atteints d'adénocarcinome sans métastases au diagnostic (p=0,0006 - significatif). Par conséquent, l'aspirine a diminué le risque global d'adénocarcinome mortel sur les populations ayant participé aux essais (p=0,0002 - significatif), mais pas le risque d'autres cancers mortels (p=0,64 - non significatif; différence, p=0,003 -significatif). Les effets étaient indépendants de l'âge et du sexe, mais le bénéfice absolu était plus élevé chez les fumeurs. (...).

L'aspirine prévient le développement de métastases à distance et peut contribuer à la diminution de la mortalité précoce par cancer, dans des essais cliniques aspirine versus contrôle. Ce résultat suggère que l'aspirine pourrait aider au traitement de certains cancers, et fournit des indices soutenant le principe d'intervention pharmacologique pour la prévention spécifique contre les métastases à distance. Prof Peter M Rothwell, in The Lancet, Early Online Publication, 21 March 2012

Source: http://www.thelancet.com/ / Traduction et adaptation: NZ

mercredi 2 novembre 2011

Dépêche en Une: Aspirine et risque de cancer colorectal

Cachets d'aspirine. Copyright: Science Photo Library
L'aspirine pourrait jouer un rôle important dans la prévention du cancer colorectal chez les personnes à risque de cette maladie, selon les auteurs d'un essai randomisé - http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(11)61049-0/fulltext - .

"L'argument de la chemoprévention avec l'aspirine est maintenant clair", a déclaré l'un des auteurs de cette étude, menée par le Professeur Sir John Burn, de l'université de Newcastle, au Royaume - Uni. Pour les individus à haut risque de cancer colorectal, l'utilisation de l'aspirine à long terme a réduit le risque relatif de cancer colorectal de 60% par rapport aux non - utilisateurs d'aspirine. Cette étude fait aussi l'objet d'un commentaire - http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(11)61216-6/fulltext - (...). The Lancet Online, Une de Page d'Accueil, 2 novembre 2011

Source: http://www.thelancet.com/ / Traduction et adaptation: NZ

jeudi 26 mai 2011

Terutroban versus aspirine chez des patients faisant des événements ischémiques (PERFORM): un essai randomisé en groupes parallèles et en double aveugle

"L'accident vasculaire cérébral (AVC) (...) est provoqué par une diminution brutale de l'irrigation d'une partie du cerveau."
Source: http://www.bmsfrance.fr/ 
Les patients ayant présenté un accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique ou un accident ischémique transitoire (AIT) sont à haut risque d'AVC récurrent ou autres événements cardiovasculaires. Nous avons comparé l'antagoniste sélectif du récepteur thromboxane-prostaglandine terutroban avec l'aspirine dans la prévention d'événements ischémiques cardiovasculaires chez des patients ayant présenté un événement ischémique récent, non cardioembolique.

Cet essai randomisé en groupes parallèles et en double aveugle a été réalisé dans 802 centres répartis dans 46 pays. Les patients qui avaient présenté un AVC ischémique dans les 3 mois précédents ou un AIT dans les 8 jours précédents, ont été assignés de manière aléatoire (...) à 30 mg par jour de terutroban ou 100 mg par jour d'aspirine. Les patients et les investigateurs n'avaient pas connaissance des assignations individuelles des traitements. Le paramètre principal mesuré était le taux d'AVC ischémique mortel ou non, d'infarctus du myocarde mortel ou non, et autres morts dues à des atteintes vasculaires (en excluant la mort par hémorragie). Nous avons planifié une analyse statistique séquentielle de non - infériorité (marge: 1,05) suivie d'une analyse de supériorité. L'analyse a été effectuée sur la population en "intention de traiter". (...).

9562 patients ont été assignés au traitement terutroban (9556 analysés) et 9558 au traitement aspirine (9544 analysés); avec un suivi moyen de 28,3 mois (DS: 7,7). Le paramètre principal mesuré est survenu chez 1091 (11%) patients recevant du terutroban et chez 1062 (11%) patients recevant de l'aspirine. (...). Nous avons relevé une augmentation d'hémorragies mineures chez les patients traités au terutroban comparé aux patients traités à l'aspirine (1147 [12%] vs 1045 [11%]). (...).

L'essai n'a pas répondu aux critères prédéfinis de non - infériorité. Cet essai a toutefois montré des taux similaires pour ce qui est du paramètre principal mesuré, chez les patients traités au terutroban comme chez les patients traités à l'aspirine, sans avantage de sécurité pour le terutroban. Dans une perspective mondiale, l'aspirine reste l'étalon-or (gold standard dans le texte) dans le traitement antiplaquettaire, pour ce qui est de la prévention des AVC secondaires, en termes d'efficacité, tolérance et coût. Prof. Marie - Germaine Bousser et al, in The Lancet, Early Online Publication, 25 May 2011.

Source: http://www.thelancet.com/ / Traduction et adaptation: NZ

mercredi 8 décembre 2010

L'effet de la prise quotidienne d'aspirine sur les risques à long terme de mort par cancer: analyse de données individuelles - patient sur essais randomisés

Modèle geant de cachet d'aspirine Bayer. Source: http://www.berlin.equipier.com/
La prise quotidienne d'aspirine pendant 5 ans ou plus réduit les risques de cancer colorectal. Il existe des évidences selon lesquelles l'aspirine pourrait aussi réduire les risques d'autres cancers, en particulier les cancers du tractus intestinal, mais les données chiffrées manquent. La présente étude fait état des morts par cancer pendant et après l'administration d'aspirine lors d'essais randomisés, destinés initialement pour étude de la prévention d'événements vasculaires. (...).

Au cours des 8 essais effectués (25570 patients, 674 morts par cancer), l'administration d'aspirine a réduit les risques de mort par cancer (Intervalle de Confiance: 95% 0.68 - 0.92, p= 0.003). (...). Ces données ont des implications sur les instructions générales d'utilisation de l'aspirine et pour la compréhension des processus de carcinogénèse ainsi que leur sensibilité aux médicaments. (...). Rothwell et al, in The Lancet, Early Online Publication, 7 December 2010

Source: http://www.thelancet.com/ / traduction et  adaptation: NZ