Total des pages vues

Affichage des articles dont le libellé est moustiquaire. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est moustiquaire. Afficher tous les articles

mardi 10 avril 2018

#thelancetinfectiousdiseases #paludisme #moustiquaireimprégnéd’insecticide Implications de la résistance aux insecticides sur l’utilisation de moustiquaires imprégnées d'insecticide à action de longue durée pour le contrôle du vecteur du paludisme : étude prospective observationnelle internationale de cohorte

L'utilisation d'une moustiquaire imprégnée d'insecticide à action de longue durée est l'un des moyens les plus efficace de protection contre le paludisme. Vanuatu, 2012
Source iconographique et légendaire: https://commons.wikimedia.org/wiki/

L’intensification des interventions basées sur l’utilisation d’insecticides a permis d’éviter plus de 500 millions de cas nouveaux de paludisme depuis l'an 2000. La croissante résistance aux insecticides pourrait annoncer une reprise de la maladie et de la mortalité. Notre but était de poursuivre des investigations visant à définir si la résistance aux insecticides était associée à une perte d’efficacité des moustiquaires imprégnées d'insecticide à action de longue durée et à une augmentation du fardeau dû au paludisme.

Cette étude prospective observationnelle internationale de cohorte coordonnée par l’OMS* a été réalisée dans 279 groupes de population (villages ou groupes de villages dans lesquels la résistance phénotypique était mesurable) au Bénin, Cameroun, Inde, Kenya, et Soudan. Des moustiquaires imprégnées d'insecticide pyréthrinoïde à action de longue durée représentaient la principale forme de contrôle du vecteur de la malaria dans toutes les zones d’étude ; au Soudan, cette approche était complétée par des pulvérisations intradomicilaires d’insecticide. Des cohortes d’enfants provenant de foyers sélectionnés par tirage au sort dans chaque groupe de populations étaient recrutées et soumises à suivi par des agents de santé communautaires pour mesurer l’incidence de la malaria sur le plan clinique ainsi que la prévalence de l’infection. Les moustiques ont été évalués quant à leur susceptiblité aux pyréthrinoïdes à l’aide d’un bio-essai standardisé de l’OMS. Les résultats obtenus dans les différents pays pris individuellement ont été mutualisés à l’aide de méta-analyses.

Entre le 2 juin 2012 et le 4 novembre 2016, 40 000 enfants ont été recrutés et évalués quant à l’incidence clinique au cours de 1.4 millions de visites de suivi. 80 000 moustiques ont subi des tests de résistance aux insecticides. Les utilisateurs de moustiquaires traités aux insecticides à longue durée d’action ont présenté une prévalence de l’infection plus faible (rapport de cotes ajusté [OR] 0.63, Intervalle de Confiance [IC] 95% 0.51-0.78) et une incidence de la maladie plus faible (ratio du taux d’incidence [RR] 0.62, 0.41-0.94) que chez les non-utilisateurs, à des niveaux très variés de résistance aux insecticides. Nous n’avons trouvé aucune évidence d’association entre résistance aux insecticides et prévalence (OR ajusté 0.86, 0.70-1.06) ou incidence (RR ajusté 0.89, 0.72-1.10) de l’infection. Les utilisateurs de moustiquaires, bien que significativement mieux protégés que les non–utilisateurs, étaient néanmoins sujets à un risque élevé de paludisme (allant de d’une incidence moyenne de 0.023, [IC 95% 0.016-0.033] par personne-année en Inde, à 0.80 [0.65-0.97]) au Kenya ; et une prévalence moyenne d’infection allant de 0.8% [0.5-1.3] en Inde à 50.8% au Bénin).

Abstraction faite de la résistance, les populations vivant dans des régions ou le paludisme est endémique devraient continuer à utiliser des moustiquaires traités avec des insecticides à longue durée d’action afin de réduire leur risque d’infection. Du fait que les moustiquaires ne fournissent qu’une protection partielle, le développement d’outils complémentaires devrait être une priorité, dans le but de réduire le fardeau du paludisme qui reste à ce jour à un niveau inacceptable. Prof Immo Kleinschmidt, PhD, et al, dans The Lancet Infectious Diseases, publication en ligne en avant-première, 9 avril 2018

Financement :  Fondation Bill & Melinda Gates, Conseil de la Recherche Médicale du Royaume-Uni, et Département pour le Développement International du Royaume-Uni.

Source : The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ

*OMS = Organisation Mondiale de la Santé

mercredi 7 mai 2014

Croissance et décroissance de la prévalence de la malaria dans la communauté rurale de Dielmo, Sénégal, Afrique de l’Ouest, de 1990 à 2012 : étude longitudinale sur 22 ans

Elevage d'anophèles. Dans l'insecterie, on élève et surveille les moustiques anophèles, dans le cadre des études sur le paludisme*. Institut de Biologie Moléculaire et Cellulaire, laboratoire UPR 9022 (Strasbourg)
Source iconographique et légendaire: http://www.inserm.fr/thematiques/microbiologie-et-maladies-infectieuses/dossiers-d-information/paludisme
Une meilleure compréhension de l’effet des interventions sur les populations du vecteur et du parasite causant la malaria, de l’immunité acquise, et du fardeau de la maladie en général est nécessaire ; afin de mieux guider les stratégies d’éradication de cette maladie dans les zones de forte endémie. Nous avons surveillé et analysé les changements dans l’épidémiologie dans une communauté du Sénégal, Afrique de l’ouest, pendant 22 ans.

Entre 1990 et 2012, nous avons effectué une étude longitudinale prospective chez des habitants de Dielmo, Sénégal, dans le but d’identifier tous les épisodes de fièvre et avons poursuivi les investigations permettant de définir la relation entre l’hôte au parasite, le vecteur, et le parasite. Notre étude a inclus une surveillance médicale quotidienne avec dépistage systématique du parasite chez les sujets présentant de la fièvre. Nous avons mesuré la prévalence du parasite quatre fois par an à l’aide d’enquêtes transversales. Nous avons surveillé la transmission de la malaria tous les mois par capture nocturne de moustiques. Le traitement de la malaria a évolué au cours de ces années, en partant de la quinine (1990-1994), puis passant à la chloroquine (1995-2003), l’amodiaquine plus sulfadoxine-pyrimethamine (2003-2006), et finalement à l’artesunate plus amodiaquine (2006-2012). Les moustiquaires imprégnées d’insecticide (ITNs) ont été introduites en 2008.

Nous avons surveillé 776 villageois âgés de 0 à 101 ans pour un suivi évalué à 2 378 150 personnes-années. Le taux d’inoculation entomologique s’est situé entre 142.5 piqûres infectées par personne et par an en 1990 à 482.6 en 2000, et 7.6 en 2012. La prévalence du parasite chez les enfants a baissé de 87% en 1990 à 0.3% en 2012. Chez les adultes, la prévalence est passée de 58% à 0.3%. Nous avons enregistré 23 546 épisodes de fièvres au cours de l’étude, comprenant notamment 8243 crises dues à Plasmodium falciparum, 290 dues à Plasmodium malariae, et 219 dues à Plasmodium ovale. Trois décès ont été imputés directement à la malaria, et deux décès à des évènements indésirables graves dus aux médicaments antimalariques. L’incidence des crises de malaria est passée de 1.50 crise par personne et par année en 1990 à 2.63 en 2000, et à seulement 0.046 en 2012. Les plus grands changements ont été attribués au remplacement de la chloroquine et à l’introduction des ITNs.

Les politiques de contrôle de la malaria, combinant le traitement rapide des crises et le déploiement d’ITNs peut pratiquement éliminer le transport du parasite et fortement réduire le fardeau de la malaria chez les populations exposées à une transmission pérenne et intense de la maladie. La baisse rapide de l’immunité clinique permet un dépistage rapide et le traitement des nouvelles infections et peut donc jouer un rôle clé dans l’efficacité soutenue due à la combinaison d’un traitement à base d’artemisine et l’utilisation d’ITNs malgré la résistance croissante aux pyrethroïdes. Dr Jean-François Trape MD et al, dans The Lancet Infectious Diseases, publication en ligne en  avant-première, 7 mai 2014
*paludisme = malaria (note du traducteur)

Financement : Institut Pasteur de Dakar et de Paris, Institut de Recherche pour le Développement, et Ministère de la Coopération de France

Source : The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ