Total des pages vues

Affichage des articles dont le libellé est artesunate. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est artesunate. Afficher tous les articles

mercredi 20 janvier 2016

#thelancetinfectiousdiseases #paludisme #plasmodiumfalciparum #quinine #artesunate #épidémiologie Potentiel de diminution du fardeau et de l’éradication locale du paludisme* par la réduction de la transmission du paludisme à Plasmodium falciparum : étude de modélisation mathématique

Des globules rouges infestées de parasite Plasmodium falciparum.
Source iconographique et légendaire: http://www.inserm.fr/thematiques/immunologie-inflammation-infectiologie-et-microbiologie/dossiers-d-information/paludisme
Le diminution rapide de la prévalence du paludisme, des cas, et des décès, ont été globalement obtenus au cours des 15 dernières années du fait d’un accès amélioré aux traitements de première intention et de la lutte antivectorielle. Notre but était d’évaluer la couverture des interventions nécessaire pour progresser encore dans cette voie au cours des 15 prochaines années.

Nous avons développé un modèle mathématique de transmission du paludisme à Plasmodium falciparum afin d’explorer l’effet potentiel sur les taux d’incidence et de mortalité attribués au paludisme, de 2015 à 2030, partant de cinq différents scénarios d’intervention : maintien de l’amplitude de la couverture des interventions aux  niveaux de 2011-13 (Maintenir),  pour lesquels la couverture comprend la lutte antivectorielle et l’accès aux traitements ; deux scénarios d’amplification de la couverture des interventions à 80% (Accélérer 1) et à 90% (Accélérer 2), à l’aide du passage de la quinine à l’artesunate injectable pour la gestion des formes sévères de la maladie et de la chimioprévention qui étaient recommandés pour les deux scénarios d’Accélération, l’administration d’artesunate par suppositoire comme traitement de référence, ajouté au scénario Accélérer 2 au niveau de l’ensemble de la communauté ; un scénario d’innovation à court terme (Innover) , incluant des moustiquaires imprégnées à efficacité à durabilité augmentée assortie d’une chimioprévention saisonnière du paludisme amplifiée ; et un scénario réduction de la couverture des interventions, ramenée aux niveaux de 2006-2008 (Inverser). Nous avons réalisé les simulations de modèles au premier niveau d’administration sur le plan géographique (c’est-à-dire état ou province) dans les 80 pays à transmission soutenue et stabilisée du paludisme en 2010, tenant compte des variations endémiques à la ligne de base, du caractère saisonnier de la transmissibilité, des espèces vectrices, et de la couverture des interventions existantes. Afin de calculer les cas et les décès avérés, nous en avons comparé les « effectifs » respectifs attendus entre 2015 et 2030 à l’aide du nombre prévisionnel pour 2015, tenant compte de la croissance de la population.

Avec une amplification à 80% de la couverture, nous avons prédit une réduction d’incidence des cas de 21% (Intervalle de Crédibilité -ICr- 95% 19-29) et une réduction du taux de mortalité de 40% (27-61) à l’horizon 2030, en comparaison des niveaux de 2015.  L’Accélération jusqu’à couverture de 90% et de l’amplification du traitement au niveau de la communauté s’est vu prédire une réduction d’incidence des cas de 59% (ICr 56-64) et des taux de mortalité de 74% (67-82) ; avec innovation à court terme complémentaire, l’incidence s’est vu prédire une diminition de 74% (70-77) et une diminution de 81% (76-87) des taux de mortalité. Ces scénarios étaient de nature à mener à l’éradication au niveau local dans 13 pays sous le scénario Accélérer 1, dans 20 pays sous le scénario Accélérer 2, et dans 22 pays sous Innover à l’horizon 2030, réduisant ce faisant la population vivant dans des zones à risques de 36% si l’élimination est définie au niveau de la première entité administrative. Cependant, l’échec du maintien de la couverture aux niveaux de 2011-13 s’est vue prédire une augmentation de l’incidence des cas de 76% (ICr 71-80) et des taux de mortalité de 46% (39-51) à l’horizon 2020.

Nos résultats indiquent que la diminution de la transmission et du fardeau du paludisme pourrait être accéléré au cours des 15 prochaines années si la couverture des interventions clé est amplifiée. Jamie T Griffin, PhD, et al, dans The Lancet Infectious Diseases, publié en ligne le 19 janvier 2016

*paludisme = malaria

Financement : UK Medical Research Council, UK Department for International Development, the Bill & Melinda Gates Foundation, the Swiss Development Agency, and the US Agency for International Development.

Source: The Lancet Online / Traduction et adaptation: NZ

mercredi 7 mai 2014

Croissance et décroissance de la prévalence de la malaria dans la communauté rurale de Dielmo, Sénégal, Afrique de l’Ouest, de 1990 à 2012 : étude longitudinale sur 22 ans

Elevage d'anophèles. Dans l'insecterie, on élève et surveille les moustiques anophèles, dans le cadre des études sur le paludisme*. Institut de Biologie Moléculaire et Cellulaire, laboratoire UPR 9022 (Strasbourg)
Source iconographique et légendaire: http://www.inserm.fr/thematiques/microbiologie-et-maladies-infectieuses/dossiers-d-information/paludisme
Une meilleure compréhension de l’effet des interventions sur les populations du vecteur et du parasite causant la malaria, de l’immunité acquise, et du fardeau de la maladie en général est nécessaire ; afin de mieux guider les stratégies d’éradication de cette maladie dans les zones de forte endémie. Nous avons surveillé et analysé les changements dans l’épidémiologie dans une communauté du Sénégal, Afrique de l’ouest, pendant 22 ans.

Entre 1990 et 2012, nous avons effectué une étude longitudinale prospective chez des habitants de Dielmo, Sénégal, dans le but d’identifier tous les épisodes de fièvre et avons poursuivi les investigations permettant de définir la relation entre l’hôte au parasite, le vecteur, et le parasite. Notre étude a inclus une surveillance médicale quotidienne avec dépistage systématique du parasite chez les sujets présentant de la fièvre. Nous avons mesuré la prévalence du parasite quatre fois par an à l’aide d’enquêtes transversales. Nous avons surveillé la transmission de la malaria tous les mois par capture nocturne de moustiques. Le traitement de la malaria a évolué au cours de ces années, en partant de la quinine (1990-1994), puis passant à la chloroquine (1995-2003), l’amodiaquine plus sulfadoxine-pyrimethamine (2003-2006), et finalement à l’artesunate plus amodiaquine (2006-2012). Les moustiquaires imprégnées d’insecticide (ITNs) ont été introduites en 2008.

Nous avons surveillé 776 villageois âgés de 0 à 101 ans pour un suivi évalué à 2 378 150 personnes-années. Le taux d’inoculation entomologique s’est situé entre 142.5 piqûres infectées par personne et par an en 1990 à 482.6 en 2000, et 7.6 en 2012. La prévalence du parasite chez les enfants a baissé de 87% en 1990 à 0.3% en 2012. Chez les adultes, la prévalence est passée de 58% à 0.3%. Nous avons enregistré 23 546 épisodes de fièvres au cours de l’étude, comprenant notamment 8243 crises dues à Plasmodium falciparum, 290 dues à Plasmodium malariae, et 219 dues à Plasmodium ovale. Trois décès ont été imputés directement à la malaria, et deux décès à des évènements indésirables graves dus aux médicaments antimalariques. L’incidence des crises de malaria est passée de 1.50 crise par personne et par année en 1990 à 2.63 en 2000, et à seulement 0.046 en 2012. Les plus grands changements ont été attribués au remplacement de la chloroquine et à l’introduction des ITNs.

Les politiques de contrôle de la malaria, combinant le traitement rapide des crises et le déploiement d’ITNs peut pratiquement éliminer le transport du parasite et fortement réduire le fardeau de la malaria chez les populations exposées à une transmission pérenne et intense de la maladie. La baisse rapide de l’immunité clinique permet un dépistage rapide et le traitement des nouvelles infections et peut donc jouer un rôle clé dans l’efficacité soutenue due à la combinaison d’un traitement à base d’artemisine et l’utilisation d’ITNs malgré la résistance croissante aux pyrethroïdes. Dr Jean-François Trape MD et al, dans The Lancet Infectious Diseases, publication en ligne en  avant-première, 7 mai 2014
*paludisme = malaria (note du traducteur)

Financement : Institut Pasteur de Dakar et de Paris, Institut de Recherche pour le Développement, et Ministère de la Coopération de France

Source : The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ