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mardi 9 septembre 2014

Étendue mondiale de la résistance à la chloroquine de Plamodium vivax: revue systématique et méta-analyse

Plasmodium dans le globule rouge. Copyright Inserm. D. Camus
Source iconographique et légendaire: http://www.inserm.fr/espace-journalistes/paludisme-le-parasite-p.-vivax-infecte-des-populations-considerees-comme-resistantes
La chloroquine est le traitement de première ligne de la malaria à Plasmodium vivax dans les pays endémiques, mais la résistance à ce médicament est en croissance régulière. La surveillance de l’efficacité antimalarique est essentielle, mais dans le cas des infections à P.vivax, l’évaluation de l’efficacité du traitement se heurte au phénomène de récidive dû aux stades hépatiques dormants. Nous avons effectué un passage en revue systématique des études d’efficacité des traitements de la malaria à P.vivax afin d’évaluer l’étendue de la résistance à la chloroquine.

Nous avons effectué des recherches dans les bases de données biomédicales que sont Medline, Web of Science, Embase, Cochrane Database of Systematic Reviews pour identifier les études publiées en anglais entre le 1er janvier 1960 et le 30 avril 2014, traitant de l’efficacité du traitement de la malaria à P.vivax. Nous avons exclu les études n’incluant pas de traitement schizontocide sans primaquine, administré sous supervision. Nous avons déterminé les taux de résistance à la chloroquine selon les taux de récidive de la malaria à P.vivax au jour 28, la mesure des concentrations de chloroquine dans le sang total au moment de la récidive et à l’évaluation des critères d’inclusion dans l’étude.

Nous avons identifié 129 études cliniques éligibles totalisant 21 694 patients répartis sur 179 sites, et 26 études de cas décrivant 54 patients. La résistance à la chloroquine était évoquée dans 58 (53%) sites d’études évaluables, répartis dans la plupart des pays où la malaria à P.vivax est présente à l’état d’endémie. L’élimination de la parasitémie évaluée par examen au microscope chez 95% des patients au jour 2, ou chez tous patients au jour 3, était prédictive à 100% de la sensibilité à la chloroquine.

L’hétérogénéité de la conception de l’étude et de l’analyse ont permis de mettre en évidence le système de surveillance mondial de la résistance à la chloroquine de P.vivax, qui est maintenant en place  dans la plupart des pays où la malaria à P.vivax est présente à l’état d’endémie. Toutefois, des méthodes améliorées de surveillance de la résistance aux médicaments sont nécessaires, afin d’optimiser les politiques de lutte antimalarique dans ces régions. Prof Ric N Price MD et al, dans The Lancet Infectious Diseases, publication en ligne en avant – première, 9 septembre 2014

Financement : Wellcome Trust (UK).

Source : The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ

mercredi 7 mai 2014

Croissance et décroissance de la prévalence de la malaria dans la communauté rurale de Dielmo, Sénégal, Afrique de l’Ouest, de 1990 à 2012 : étude longitudinale sur 22 ans

Elevage d'anophèles. Dans l'insecterie, on élève et surveille les moustiques anophèles, dans le cadre des études sur le paludisme*. Institut de Biologie Moléculaire et Cellulaire, laboratoire UPR 9022 (Strasbourg)
Source iconographique et légendaire: http://www.inserm.fr/thematiques/microbiologie-et-maladies-infectieuses/dossiers-d-information/paludisme
Une meilleure compréhension de l’effet des interventions sur les populations du vecteur et du parasite causant la malaria, de l’immunité acquise, et du fardeau de la maladie en général est nécessaire ; afin de mieux guider les stratégies d’éradication de cette maladie dans les zones de forte endémie. Nous avons surveillé et analysé les changements dans l’épidémiologie dans une communauté du Sénégal, Afrique de l’ouest, pendant 22 ans.

Entre 1990 et 2012, nous avons effectué une étude longitudinale prospective chez des habitants de Dielmo, Sénégal, dans le but d’identifier tous les épisodes de fièvre et avons poursuivi les investigations permettant de définir la relation entre l’hôte au parasite, le vecteur, et le parasite. Notre étude a inclus une surveillance médicale quotidienne avec dépistage systématique du parasite chez les sujets présentant de la fièvre. Nous avons mesuré la prévalence du parasite quatre fois par an à l’aide d’enquêtes transversales. Nous avons surveillé la transmission de la malaria tous les mois par capture nocturne de moustiques. Le traitement de la malaria a évolué au cours de ces années, en partant de la quinine (1990-1994), puis passant à la chloroquine (1995-2003), l’amodiaquine plus sulfadoxine-pyrimethamine (2003-2006), et finalement à l’artesunate plus amodiaquine (2006-2012). Les moustiquaires imprégnées d’insecticide (ITNs) ont été introduites en 2008.

Nous avons surveillé 776 villageois âgés de 0 à 101 ans pour un suivi évalué à 2 378 150 personnes-années. Le taux d’inoculation entomologique s’est situé entre 142.5 piqûres infectées par personne et par an en 1990 à 482.6 en 2000, et 7.6 en 2012. La prévalence du parasite chez les enfants a baissé de 87% en 1990 à 0.3% en 2012. Chez les adultes, la prévalence est passée de 58% à 0.3%. Nous avons enregistré 23 546 épisodes de fièvres au cours de l’étude, comprenant notamment 8243 crises dues à Plasmodium falciparum, 290 dues à Plasmodium malariae, et 219 dues à Plasmodium ovale. Trois décès ont été imputés directement à la malaria, et deux décès à des évènements indésirables graves dus aux médicaments antimalariques. L’incidence des crises de malaria est passée de 1.50 crise par personne et par année en 1990 à 2.63 en 2000, et à seulement 0.046 en 2012. Les plus grands changements ont été attribués au remplacement de la chloroquine et à l’introduction des ITNs.

Les politiques de contrôle de la malaria, combinant le traitement rapide des crises et le déploiement d’ITNs peut pratiquement éliminer le transport du parasite et fortement réduire le fardeau de la malaria chez les populations exposées à une transmission pérenne et intense de la maladie. La baisse rapide de l’immunité clinique permet un dépistage rapide et le traitement des nouvelles infections et peut donc jouer un rôle clé dans l’efficacité soutenue due à la combinaison d’un traitement à base d’artemisine et l’utilisation d’ITNs malgré la résistance croissante aux pyrethroïdes. Dr Jean-François Trape MD et al, dans The Lancet Infectious Diseases, publication en ligne en  avant-première, 7 mai 2014
*paludisme = malaria (note du traducteur)

Financement : Institut Pasteur de Dakar et de Paris, Institut de Recherche pour le Développement, et Ministère de la Coopération de France

Source : The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ