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mercredi 22 avril 2015

#thelancetpsychiatry #troublespsychiatriques #alcool #drogue Troubles dus à la consommation excessive d’alcool et autres drogues, troubles psychiatriques, et mortalité après sortie de prison : étude longitudinale de cohorte à l’échelle d’un pays

Clé des champs. Face à la chute du nombre de ses détenus, la Suède ferme ses prisons.
Source iconographique et légendaire: http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2013/11/12/cle-des-champs-face-a-la-chute-du-nombre-de-ses-detenus-la-suede-ferme-des-prisons/
De hauts taux de mortalité élevés ont été rapportés chez les personnes libérées de prison, par comparaison avec la population générale. Cependant, il n’y a que peu d’études ayant investigué sur les facteurs de risque potentiels associés à ces taux élevés, notamment des déterminants des troubles psychiatriques. Notre but était d’étudier l’association entre troubles psychiatriques et mortalité chez les personnes sorties de prison en Suède.

Nous avons étudié toutes les personnes subissant une peine de prison en Suède depuis le 1er janvier 2000 et libérées avant le 31 décembre 2009 pour ce qui est des risques toutes causes confondues et causes externes (accident, suicide, homicide) de mortalité après leur sortie de prison. Nous avons obtenu des données relatives aux troubles dus à la consommation excessive d'alcool et autres drogues - et autres troubles psychiatriques -, ainsi que les facteurs de risque d’ordre criminologique et sociodémographique à partir de registres de données de population. Nous avons calculé les hazard ratios (HRs) à l’aide de la régression de Cox, et les avons appliqués pour le calcul des fractions de données de mortalité attribuables à la sortie de prison. Afin de supprimer l’effet des facteurs de confusion familiaux, nous avons comparé les sujets l’étude comportant des jumeaux également libérés de prison, mais sans troubles psychiatriques. Nous avons également poursuivi la recherche de tout facteur de risque indépendant améliorant la prédiction de mortalité, au-delà de l’âge, du sexe, et de l’historique de criminalité.

Nous avons identifié 47 326 sujets purgeant une peine de prison. Pendant une période médiane de suivi de 5.1 ans (Intervalle Interquartile [IQR] 2.6 – 7.5), nous avons enregistré 2 874 (6%) décès après sortie de prison. Le taux de mortalité toutes causes confondues était de 1 205 décès pour 100 000 personnes-années. Les troubles dus à la consommation excessive d’alcool et autres drogues ont significativement augmenté les taux de mortalité toutes causes confondues (consommation d’alcool : HR ajusté 1.62, IC 95% 1.48-1.77 ; consommation de drogue : 1.67, 1.53-1.83), avec association indépendante de facteurs sociodémographiques, criminologiques, et familiaux. Nous n’avons pas identifié d’évidence pouvant indiquer que des troubles psychiatriques autres pouvaient être impliqués dans l’augmentation des taux de mortalité après ajustement pour suppression de l’effet des facteurs de confusion. Pour ce qui est des personnes libérées de prison, 925 (34%) des décès pour toutes causes confondues chez les hommes  et 85 (50%) chez les femmes pouvaient potentiellement être attribués aux troubles dus à la consommation excessive d'alcool et autres drogues. Les troubles dus à la consommation excessive d’alcool et autres drogues représentaient également un déterminant indépendant de la mortalité externe, toutes causes confondues, avec un pourcentage de fraction de population concernée de 42% chez les hommes et de 70% chez les femmes. La consommation excessive d’alcool et autres drogues a augmenté la prédiction de mortalité externe, toutes causes confondues, en plus des facteurs sociodémographiques et criminologiques.

Les interventions visant directement à réduire la consommation excessive d’alcool et autres drogues pourraient permettre de réduire considérablement le fardeau de mortalité des personnes libérées de prison ; toutefois, ces actions devraient être menées bien au-delà de la période immédiate suivant la libération de prison. Zheng Chang, PhD et al, dans The Lancet Psychiatry, publication en ligne en avant - première, 21 avril 2015

Financement :  Wellcome Trust, Swedish Research Council, and the Swedish Research Council for Health, Working Life and Welfare.

Source : The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ

1 commentaire:

Nicolas Zarjevski a dit…

Ainsi peut-on se poser la question suivante: est-ce pour diminuer le fardeau des troubles psychiatriques post-peine de prison que l'on condamne moins les prévenus à de la prison ferme en Suède, et que l'on diminue le nombre d'établissements pénitentiaires en Suède?