L’incidence de microcéphalie en 2015, au Brésil, était en 2015 20 fois plus
élevée qu’au cours des années précédentes. La microcéphalie congénitale est
associée à des facteurs génétiques et plusieurs agents causatifs. Des données
épidémiologiques suggèrent que les cas de microcéphalie au Brésil pourraient
être associés avec l’introduction du virus Zika. Notre but était de détecter et
de séquencer le génome du virus Zika présent dans des échantillons de liquide
amniotique chez deux femmes enceintes avec diagnostic prénatal de microcéphalie
de leurs fœtus.
Dans cette étude de cas, des échantillons de liquide amniotique de deux
femmes enceintes de l’état de Paraiba au Brésil - chez les fœtus desquelles un
diagnostic de microcéphalie a été posé – ont été recueillis sur la
recommandation des autorités de santé brésiliennes, à l’aide d’une amniocentèse
transabdominale guidée par ultrasons à 28 semaines de gestation. Ces femmes s’étaient
présentées à 18 semaines et 10 semaines de gestation respectivement, présentant
des manifestations cliniques qui pouvaient bien correspondre à des symptômes d’une
infection au virus Zika, incluant fièvre, myalgie, et éruption cutanée. Après
centrifugation des échantillons de liquide amniotique, l’ADN et l’ARN ont été
extraits à partir des particules virales purifiées avant que le génome viral n’ait
été identifié par PCR quantitative après transcription inverse et séquençage par
technique métagénomique de nouvelle génération. La reconstruction
phylogénétique et les recherches relatives aux évènements de recombinaison ont
été effectuées par comparaison des séquences génomiques du virus Zika brésilien
avec des séquences d’autres lignées de Zika et de flavivirus présents dans des
régions comparables du Brésil.
Nous avons détecté le génome du virus Zika dans le liquide amniotique des
deux femmes enceintes. Aucune trace de virus n’était détectée ni dans leur
urine, ni leur sérum. Des tests de détection du virus de la dengue, du virus chikungunya,
de Toxoplasma gondii, du virus de la rubéole, du cytomégalovirus, du
virus de l’herpès simplex, du VIH, de Treponema pallidium, et du parvovirus
B19 était tous négatifs. Après séquençage complet du génome du virus Zika
Brésilien isolé chez la patiente n°1, les analyses phylogénétiques ont montré
un partage de 97-100% l’identité génomique du virus Zika Brésilien avec celle
des lignées isolées lors de l’épidémie survenue en Polynésie Française en 2013,
et qu’à la fois au niveau de l’enveloppe du virus et des régions génomiques
NS5, il existait une analogie de séquences avec des lignées originaires d’Amérique
du Sud et d’Amérique du Nord, d’Asie du Sud-Est, et du Pacifique. Après étude
de la possibilité d’évènements de recombinaison entre le virus Zika et d’autres
flavivirus, nous avons exclu l’hypothèse selon laquelle le génome du virus Zika
Brésilien proviendrait de souches recombinantes d’autres flavirirus transmissibles
par les moustiques.
Ces résultats renforcent l’association supposée entre virus Zika et cas de
microcéphalie chez les nouveaux nés au Brésil. De plus, nos résultats suggèrent
que le virus peut traverser la barrière placentaire. Ainsi, le virus Zika
devrait être considéré comme un agent infectieux potentiel ciblant les fœtus humains.
Des études de pathogénèse confirmant le tropisme neuronal du virus Zika sont à
recommander. Guilherme Calvet, PhD, et al, dans The Lancet Infectious Diseases,
publication en ligne an avant-première, 17 février 2016
Financement : Consellho Nacional de Desenvolvimento e Pesquisa (CNPq), Fundação de
Amparo a Pesquisa do Estado do Rio de Janeiro (FAPERJ).
Source : The Lancet Online / Traduction et
adaptation : NZ
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire