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vendredi 13 mars 2020

#thelancet #rifampicine #clarithromycine #streptomycine #ulcèredeburuli Rifampicine et clarithromycine (phase étendue) versus rifampicine et streptomycine pour le traitement des ulcères de Buruli : essai de phase 3 de non-infériorité, randomisé, ouvert

Débridement d'un ulcère de Buruli à l'hôpital de Quessua, Angola (1956)
Source: https://www.flickr.com/photos/oldangolaphotos/28109107410

L’ulcère de Buruli est une maladie tropical négligée, causée par Mycobacterium ulcerans, causant des infections de la peau et des tissus sous-cutanés. Cette infection est prévalente en Afrique de l’Ouest et du Centre, ainsi qu’en Australie. Son traitement standard par l’administration de [rifampicine 10 mg / kg per os + streptomycine 15 mg / kg par voie intramusculaire] une fois par jour pendant 8 semaines (RS8) est hautement efficace, mais les injections de streptomycine sont douloureuses et potentiellement dangereuses. Notre but était de comparer l’efficacité et la tolérance de l’administration totalement per os de [rifampicine 10 mg/kg + clarithromycine 15 mg / kg] en phase prolongée une fois par jour pendant 8 semaines (RC8) avec celle de RS8 pour le traitement des ulcères de Buruli en phase précoce.

Nous avons réalisé un essai clinique multicentrique de phase 3 de non-infériorité, randomisé (1 :1 par blocs de six), comparant le traitement d’administration totalement per os RC8 avec RS8 chez des patients atteints d’un ulcère de Buruli. L'étude a été réalisée dans quatre sites d’essai cliniques hospitaliers au Ghana (Agopo, Tepa, Nkawie, Dunkawa) et dans un site au Bénin (Pobè). Les participants étaient inclus s’ils étaient d’âge supérieur ou égal à 5 ans et devaient être atteints d’un ulcère de Buruli comportant une lésion au plus (catégories I et II) d’un diamètre de 10 cm au plus. L’essai était réalisé en ouvert ; et à la fois les investigateurs effectuant les mesures des lésions et les médecins traitants avaient accès au tableau de distribution des traitements. Le critère d'évaluation clinique principal était la guérison de la lésion (c’est-à-dire sa complète épithélisation ou cicatrice stable) sans récidive à 52 semaines après début du traitement antimicrobien. Le critère d’innocuité principal était évalué dans la population en intention de traiter. Une taille de l’échantillon de 332 participants était calculée pour détecter l’infériorité de RC8 avec une marge de 12%. (…).

Entre le 1er janvier 2013, et le 31 décembre 2017, les participants ont été recrutés pour cet essai. Nous avons interrompu le recrutement après avoir atteint un effectif de 310 participants. La médiane de l’âge des participants était de 14 ans (Intervalle Interquartile [IQR] 10-29) et 153 (52%) étaient des femmes. 297 patients présentaient un ulcère de Buruli confirmé par PCR ; 151 (51%) ont reçu le traitement RS8 et 146 (49%) le traitement d’administration totalement per os RC8. Dans le groupe RC8, les lésions ont guéri chez 144 (95%, Intervalle de Confiance [IC] 95% de 91 à 98) patients sur 151, alors que les lésions du groupe RC8 ont guéri chez 140 (96%, de 91 à 99) patients sur 146. La différence en proportion, -0.5% (de -5.2 à 4.2), n’était pas significativement plus importante que zéro (p=0.59), montrant que le traitement RC8 n’est pas inférieur au traitement RS8 pour la guérison des lésions à 52 semaines.
Les évènements indésirables liés au traitement ont été enregistré chez 20 (13%) patients recevant RS8 et chez neuf (7%) patients recevant RC8. La plupart des évènements indésirables étaient de grade 1-2 ; toutefois, un patient (1%) recevant RS8 a développé une ototoxicité et a interrompu le traitement après 6 semaines. Aucun patient n’a eu à subir de résection chirurgicale. Quatre patients (deux dans chaque groupe d’étude) ont bénéficié de greffes de peau.

Le traitement d’administration totalement per os était non-inférieur à RS8 pour le traitement des ulcères de Buruli précoces, et était associé à un nombre moins important d’évènements indésirables. Ainsi, nous proposons que le traitement d’administration per os RC8 devrait être le protocole à favoriser pour le traitement des ulcères de Buruli limités. Prof Richard O Phillips, et al, dans The Lancet, publication en ligne en avant-première, 12 mars 2020

Financement : OMS avec le soutien de MAP International, American Leprosy Missions, Fondation Raoul Follerau France, Fondation Groningen Ulcère de Buruli, Sanofi-Pasteur, et BuruliVac.

Source : The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ  

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